Vitoria- Pays basque. Le week end
du 28/29 juin dernier s’est tenu la 12ème édition du festival Azkena Rock. Une
affiche défendant et présentant, encore une fois, des choix de programmation variés
et perspicaces des différents courants du ROCK, que ça soit hard rock, grunge,
punk ou heavy rock traditionnel. Malgré le contexte de crise, un retard pour
boucler l’affiche dû à l’indisponibilité des artistes, la réduction à deux
jours au lieu de trois, l’équipe de l’Azkena a tout fait pour prouver la
notion : "rock n’ roll will never die" et que l’esprit des
années passées est fort et bien vivant pour assouvir la passion de ceux qui
suivent ce rassemblement depuis ses débuts. Force est de constater que l’attitude
rock n’est pas un mythe et que cela a permis de constituer une communauté dévouée
composée de plusieurs générations de rockers assidus.
Vendredi 28 : C’est
au jeune groupe Quaoar qu’est revenu l’honneur d’ouvrir les festivités de cette édition. Le seul band du pays basque à être programmé lors de ces deux jours de l’ARF. Le
groupe Quaoar est le gagnant du concours Villa Bilbao de l’année dernière. J’étais
agréablement surpris de les voir headbanger et interpréter somptueusement leur
court mais intense set sur la scène 1 (en hommage à Kevin Ayers, décédé cette année). Une
bonne dose de Rock alternatif, avec une nette influence de grunge et de rock
progressif entre Tool, Alice In Chains, Soundgarden ou encore Opeth. Premier groupe pour démarrer
cette journée, première excellente découverte, à suivre.
The Sword - (Credits Photo Tricinty) |
Juste après, les lyonnais The
Socks ont envoyé un pâté monumental de Heavy-Rock seventies, « In your
face ». Un timbre vintage enrichi d’un son de basse métallique et façonné avec le matos adéquat : Amplis Orange et
Vox, Gibson, hammond, Rickenbacker. Bien évidemment ils ne se contentent pas d'accumuler les clichés old school mais plutôt de donner un coup de pied dans la fourmilière et prouver qu'il y a encore des idées à démontrer dans le genre. Certains puristes pourraient crier au plagiat mais, comme dans la
mode, on sait bien qu’il est courant de faire du neuf avec du vieux. Les
français se sont donnés à fond et le public, visiblement conquis, a su les accueillir
chaleureusement. Une mention spéciale pour le titre Red Sun. Ils ont assuré une sorte de première partie pour The Sword sur cette
scène 2, dédiée à Georges Jones. À l’instar de Black Sabbath, les texans The
sword, dont la renommée n’est plus à faire, décuplent une puissance dans les passages
lourds. C’est hyper précis. Après plusieurs tours, la machine metal stoner est bien
huilée, prête à tout dévaster sur son chemin. Mais malgré les huit morceaux
interprétés avec brio, j’ai eu un faible pour le show énergique de The
Socks. Un autre groupe à suivre de près. D'ailleurs, ils feront leur première tournée espagnole en septembre.
Entre les deux groupes susmentionnés,
Sex Museum ont délivré un bon show Garage-rock digne de leur longue
carrière. Ceux qui ne connaissent pas le groupe (comme moi), ont retenu de la prestation de ces madrilènes, la reprise
mixée des Beastie Boys, Fight for your right et Smoke on the Water des Deep
Purple.
L’annonce de la participation de M
clan a provoqué des dissensions dans le public, mais ça n’a pas gêné les nombreux
fans de profiter d’un excellent concert animé par un grand showman, Carlos Tarque, accompagné d’excellents musiciens flattés de participer pour la première fois
au « meilleur festival de Rock en Espagne ». Le rock chanté en
espagnol n’est pas ma tasse de thé, mais j’ai beaucoup apprécié le spectacle
offert par ces vétérans du "Rock estatal". C’était le bon moment
aussi pour d’autres personnes du public de faire une pause avant de pouvoir savourer le
concert de The Black Crowes. Une date exclusive en Espagne cette année.
Les frères Robinson et compagnie ont présenté un set d'environ 2 heures de
rock de très haut niveau, repassant avec élégance les tubes Sting me, Hard to handle ou la ballade
She talks to angels avec la nouvelle recrue Jackie Greene au mandole/guitare. Les fans
ont eu droit à un passage d’improvisation hypnotique et de solos que même si
c’était long et planant permettait de temporiser pour une deuxième partie du show tubesque. Magistral !
The Smashing Pumpkins (Billy Corgan & friends) continue de sortir des albums depuis sa réformation en 2006 et ce même après le succès mitigé de ses trois derniers albums. Ce concert n’allait pas faire l’exception concernant les critiques sur les
nouvelles compositions avec ce nouveau line up. "Ils n’ont pas joué tel
titre", "les nouveaux morceaux ont glacé l’ambiance",
pouvait-on entendre autour de nous. Difficile de satisfaire
tout le monde même pour un groupe légendaire de la taille de The Smashing Pumpkins. Oceania
est un album personnel et différent des autres mais à mon avis certains passages ont
carrément leur place dans le show du groupe. Un spectacle d’un peu plus de 1h20,
était suffisant pour renouer avec les vrais fans, nouveaux soient-ils ou de la
première heure dont les morceaux font partie de l’imaginaire, évoquant des réminiscences
de leur adolescence et de leur passé.
The Smashing Pumpkins (Credits photo Tricinty) |
Mis à part The Black Crowes, qui
ont joué pour la deuxième fois à l’ARF, et qui ont, manifestement, une base de
fans impressionnante dans le pays basque. Le meilleur accueil de la journée
était pour The Sheepdogs, qui a remplacé Modest Mouse à quelques
jours de cette date. Ils ont réussi à envoûter le public, certaines personnes ont
bien bougé et dansé au son des canadiens d’autres sont resté scotchés durant
tout le show. Une très chouette surprise.
Horisont ont clôturé la
première journée avec leur sublime Heavy rock. Sans doute mon coup de cœur de la journée.
Un pur voyage dans le temps. Tout est retrovintage (pour changer) : vestes en
jean, Les instruments, le son,... Les echos de Thin Lizzy, Judas Priest,
B.Sabbath, ou encore November montrent que le classic hard rock des 70’s est
plus vivant que jamais et tant que des groupes comme Horisont seront actifs l’esprit
des seventies ne mourra jamais. Hail to Sweden.
Horisont (Credits photo Tricinty) |
Samedi 29 : Je me suis
pointé un peu en retard pour le premier show. Le peu que j’ai vu donnait une bonne impression des British Heaven's Basement, groupe qui a
ouvert le bal en cette deuxième journée.
Troubled Horse (Credits photo Tricinty) |
Je ne voulais surtout pas rater,
et sous aucun prétexte, Troubled Horse. Un projet parallèle de deux membres de Witchcraft, car les suédois étaient une des
révélations de l’année dernière grâce à un excellent premier album, Step
Inside. L’éternel revival seventies, soit, ils ont démontré qu’en Suède on
ne fait jamais les choses à moitié. J’aurais préféré les voir plus haut dans le
line up car il y avait peu de monde. La dextérité des guitaristes n’a laissé
personne indifférent. Du protoblues rock avec des airs de stoner psyche. C’était le groupe apéritif
avant JJ Grey & Mofro, probablement un des meilleurs concerts, de
cette édition de l’Azkena Rock. Pour la première fois en Espagne, JJ Grey a complètement
séduit le public avec sa belle voix. Ses acolytes étaient plus qu’à la hauteur,
apportant de la fraîcheur nécessaire dans cette journée ensoleillée, avec un bon mélange de desert rock, rythm & blues ou du funk avec des cuivres.
On a changé de rythme mais pas d’intensité,
car même si on s’attendait à un metal obscure avec de gros riffs de la part de Uncle acid & the Deadbeats leur
devil-rock ambiancé avec les deux chants dissonants est un autre voyage vers la
fin des années 60. Et ce n’est pas pour rien qu’ils ont été choisis pour
tourner avec les maîtres du genre, Black Sabbath pour la prochaine tournée
européenne d’automne.
La
reformation des punks valencien Los zigarros, a rassemblé un grand nombre de fans. Les opinions étaient divisés entre ceux
qui ne les verront pas et ceux qui encouragent cette nouvelle décision de programmer des vieux
groupes de rock "estatal".
Le retour de Gov’t Mule au ARF est la preuve que l’organisation et le public étaient comblés de la précédente
participation du power trio. L’occasion de se laisser emporter par les solos de
l’ancien Allman Brothers Band, Warren Haynes, et le blues rock sudiste, un tantinet progressif de ces
américains.
Avant le début du fest et
quelques jours après l’annonce de la programmation définitive, beaucoup de critiques
ont fustigés l’absence de tête d’affiche lors de la deuxième journée. En assistant au spectacle de The gaslight Anthem, on ne peut que confirmer que c’est l'un des groupes du moment et que même s'il est jeune, il est capable d'assurer la tête d’affiche d'un tel festival.
Plus tard sur la scène 2, on a vu que la musique du jeune trio WalkingPapers fait mouche sur le public. Clavier, batterie et chant/gratte. Originellement,
Duff McKagan (ex-GNR) y joue à la basse mais, pour des raisons personnelles, il a dû
annuler sa participation pour la tournée européenne.
JJ Grey and the Mofro (credits photo Tricinty)
|
On se dirige vers la scène 1 pour
le dernier concert. Après un long (premier) speech du chanteur de Rocket From The Crypt, « speedo »,
les plus impatients (ou ceux qui ne comprenaient pas ce qu’il disait) ont hué
et sifflé son éventuel état d’ébriété. Leur mécontentement n’a pas duré
longtemps et les plus sceptiques ont eu l’effet d’une douche froide lorsque le
groupe a balancé Middle,
on a vu le premier pogo du fest et un grand sourire qui se dessinait sur le
visage des curieux… Le leader des « mariachis » rockers a réussi à faire monter la température dans la foule et d'enlever les tee shirt à une vingtaine de personnes (malgré le froid). Le punk à cuivre festif de Rock From The Crypt était la cerise sur le gâteau pour clôturer cette édition et achever ces deux journées de Rockn'Roll. One
for the money (pas trop), two for the show (assez).
Rocket from the Crypt (Credits photo Tricinty) |
Pour le grand bonheur des 25.400 festivaliers,
20 groupes ont foulé les 2 scènes de l’ARF 2013. Ceux qui ont l’habitude de
faire le pèlerinage ont senti une journée en moins, mais rien ne les a empêchés
de découvrir d’excellentes formations sur scène, et c’est là un des points
forts et une des raisons pour une majorité des fidèles pour ne pas louper ce
rendez-vous. Je m’invite moi-même à le refaire pour revivre d’autres moments de son pur son.
Ceux qui déclarent que le Rock est mort sont ceux qui aimeraient qu’il soit mort. Les bons vieux groupes (têtes
d’affiche) jouissent toujours d’un grand succès et les nouveaux forment une
relève très prometteuse, qui loin de ressembler à des tribute band, ont leur propre identité et réussissent presque à nous téléporter dans les années 60/70. Les plus grosses
influences sont le rock alternatif des 90’s ou Led Zeppelin, mais surtout Black
Sabbath, avec des nuances modernes qui nous rappellent que nous sommes en 2013,
l’année de la consécration de l’album 13 et de son entrée dans les charts.
Long live rock ’n’ roll
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